le Courrier Picard du 28 mai 2010
Entre 500 et 800 manifestants ont défilé jeudi pour protester contre la réforme des retraites. Nous les avons questionnés sur la façon dont ils voient leur sortie du monde actif.
La réforme des retraites, ça concerne tout le monde. Mais jeudi, parmi les 500 à 800 manifestants présents dans la rue pour protester contre ces futures mesures, les jeunes étaient peu nombreux.
Constantin, 12 ans, venu avec son père, était tout de même là pour représenter cette jeunesse qui ne veut pas passer sa vie à travailler. « Moi, je serai à la retraite à 70 ans. Vu le président qu'on a, c'est très mal parti », estime l'adolescent.
Jeanine, elle, malgré le fait qu'elle approche des 90 ans, est malgré tout venue soutenir les travailleurs d'aujourd'hui. « Il faut se battre pour garder ce que l'on a déjà acquis », estime cette femme qui a élevé ses onze enfants tout en travaillant comme aide-ménagère.
Mais les plus nombreux, jeudi, étaient plutôt les manifestants à l'approche de la retraite. « Moi, je devrais y être le 1er novembre 2013, explique Bernard, qui travaille dans l'agroalimentaire. Mais avec ce qu'il y a dans les tuyaux actuellement, le couperet pourrait tomber avant. »
À ses côtés, Franck, commercial, doit encore travailler quatorze ans. « Il faut prendre en compte la pénibilité du travail. Un maçon, par exemple, ne peut pas travailler jusqu'à un âge très avancé. »
Parmi les différentes générations présentes jeudi, le mot d'ordre, « c'est de ne pas marcher sur les plates-bandes des uns et des autres. »
Nicolas, 23 ans et Jean-Pierre, 57 ans, sont venus entre collègues métallurgistes. « Si je n'arrive plus à suivre dans mon travail, je tomberai malade, et finalement ce sera la Sécurité sociale qui trinquera », avance le second.
« Comme j'ai commencé à travailler à 17 ans, explique le premier, je pourrais peut-être partir plus tôt que les autres personnes de ma génération. Mais nous ne sommes pas là pour travailler toute notre vie. »
Les deux collègues, surtout, ne souhaitent pas « se gêner l'un et l'autre ».« Si je devais travailler jusqu'à 65 ans et être un barrage pour lui, ça m'ennuirait », imagine Jean-Pierre.
Finalement, cette réforme des retraites, censée toucher les soixantenaires, obscurcit également l'avenir des jeunes. Arlette, 59 ans, est animatrice, et doit en terminer très rapidement avec la vie active.
« Mais si tout se passe normalement et que je pars à 60 ans, l'an prochain, je n'aurais personne à qui transmettre mon savoir ? »
BENJAMIN MERIEAU